Lara Dopff est née en 1989, elle est diplômée en Arts Dramatiques et en Création Littéraire. Elle est poète, metteur en scène et éditrice. Elle a participé à de nombreux festivals et salons en France et à travers le monde, et intervient dans des Universités (Saint Louis University États-Unis, Université Bretagne Sud, Université de Normandie, Université de Sfax Tunisie). Elle anime des Classes de Maître et ateliers d’écriture de Création littéraire depuis 10 ans. Elle a publié une quinzaine de recueils poétiques, invoquant le corps, la nature, la marche, la musique, l’extinction et l’errance à travers le monde (Grèce, Inde, Iran, Turquie, Sibérie, Amérique). Lara Dopff participe à des recueils collectifs et à des revues (Voix d'encre, Bacchanales Maison de la Poésie Rhône-Alpes, La Volée Rosa Canina Edition). Ses poèmes ont été traduits et publiés en espagnol (El gallo y la serpiente, Poesia francesa actual, trad. A. Hidalgo, Cìrculo de Poesìa) et en anglais (trad. D. Morris).
Œuvres disponibles :
Lara Dopff est naturellement poète.
Elle a une nature de poète : ses mots battent au rythme de son cœur, ses phrases ont l'incision violente de son corps. Le feu intérieur qui l'anime coule dans ses vers, ses images ont la fulgurance brute des éclairs qui illuminent la nuit de chaque sens.
Elle est une poète de la nature. Ses sens aux aguets captent chaque parcelle de terre, chaque goutte d'eau, chaque morceau de ciel, chaque étincelle de feu. Elle cueille les météores. Elle ramasse les herbes. Elle guette le vent. Elle flaire le temps. Puis, dans ses cahiers, elle dépose les mots.
Lara Dopff se consacre à l'errance et à ses carnets (Italie, Grèce, Hongrie, Russie, Etats-Unis...). Elle est l'auteur d'un recueil de poèmes en dix livrets (l'arbre de nerfs - Carnets I à VII -, Éditions Phloème 2015, l'arbre de nerfs - Carnets VIII, IX, X - Ελλάδα , Grèce -, Éditions Phloème 2016), ainsi que d'une déambulation poétique au sein de la ville du Havre (Avoir un havre, Éditions Phloème 2016). En de longs poèmes scandés, qui sont comme des chants, l'arbre du corps raconte ses racinements et ses déracinements, en parcourant les montagnes et les mers, au long de la découverte d'un autre corps, et de la quête d'un autre pays ( De montagne et d'eau, Péloponnèse, en préparation).
Un autre ouvrage est le fruit d'un an de poésie entre une taxidermiste et une poète (Les traits de l'extinction -morceaux choisis-, auteurs : Claire Gohard, Lara Dopff, Éditions Phloème, septembre 2017). En décembre 2017 un recueil collectif a vu le jour (Lignes d'Horizons, Le Havre et autres rivages, Editions Lignes d'Horizons, décembre 2017). En septembre 2018 c'est le sonore qui prend place dans ses écrits poétiques à travers l'ouvrage Tremble harmonique (éditions Phloème).De sa rencontre avec l'Inde, le recueil Le rite et la fureur (Phloème 2020) jaillit ainsi que le texte à deux voix avec Yves Ouallet L'Inde et son double ( mars 2020), dans cet ouvrage un vieux philosophe et une jeune poète rencontrent l’Inde pour la première fois. L’un consigne dans son journal de voyage ses réflexions, l’autre retranscrit en poèmes ses sensations. Ce livre est à la fois une découverte des Indes et un dialogue entre les pensées et les sens aux prises avec l’Inde contemporaine et millénaire.
Depuis 2018 ses textes poétiques sont portés à la scène par la compagnie Incarnato où elle oeuvre en qualité d'auteur et de metteur en scène. Elle a créé en 2015 les éditions Phloème.
"L'écriture est ici médium secondaire. Seul le corps est le véritable support de la vie qui oeuvre et
anime l'Homme.
Les pérégrinations, comme celle que l'on retrouve dans De montagnes et d'eaux, sont celles du Temps et des éléments qui anoblissent et achèvent l'organique. L'écriture de l'auteur est d'ailleurs scandée, faite de silences, d'essoufflements, d'extinctions et d'avènements. L'unité textuelle est rarement maintenue; l'auteur fait de l'écrit un tracé marqué par le vibratoire. Sempiternelles circulations de la naissance à l'épuisement, à la paume des mains, à la plante des pieds, aux blessures et aux souffles. A l'épuisement certes, mais pas à la mort, qui n'est que rarement évoquée (même dans le texte Les Traits d'extinction, où se dit l'observation du travail du taxidermiste, et où
l'être et l'étant l'emportent sur l'immuable). C'est là justesse et finesse du regard de l'auteur; rien n'agit comme un état défini et arbitraire. Au contraire, tout est transition, passage, et -redéfinissons ce mot maintes fois inscrit – pérégrinations. L'avancée géographique et physique en d'autres lieux, où se retrouve la constance des minéraux, engage la prise de conscience de la ligature mouvante et cyclique (devrait-on dire spiralaire) de l'Homme au Cosmos et du Cosmos à l'Homme. L'écriture est ici preuve que rien n'existe à-part-soi. L'eau devient matricielle, glèbe volcanique, puis sudation des âmes.
La pérégrination est nécessairement pèlerinage. C'est le sens des premiers chants liturgiques, λειτουργία, que le texte Tremble Harmonique considère, non sous l'égide sacramentelle, mais sur la capacité du chant et de l'harmonie instrumentale à créer un arc vibratoire. La propagation des sons, selon leur couleur et leur tessiture, selon la résonance et la force impulsée à l'instrument, influe l'ensemble des corps, dans leurs composés organique et spirituel. Aussi nombreux sont les religions et les rituels d'union qui ont choisi le chant comme potentiel d'unification.
Chacun de ces textes possède, dans sa charge idéique, cette faculté de s'approcher d'un ensemble;
l'écriture mue par le corps qui suinte et inhibe la nature est par-dessus tout une adresse et un regard à l'Humain."
Critique de Laurie Courtois